Découverte d'archives : Identification du feldgendarme tué par Marc Boillet
Marc Boillet, le jeune téméraire de Chagny venu au maquis de la Charmée rejoindre les Montcelliens (voir Les Téméraires p.113), se distingue par son énergie et son besoin d'action.
Parmi les actions qui firent sa légende, il en est une qui se raconte encore dans le bassin minier et surtout dans le chalonnais: Le jour où Boillet, déguisé en Allemand, tuait trois feldgendarmes à Chalon.
Il est intéressant de comparer le mythe à la réalité. L'abondante documentation disponible aujourd'hui dans les différents services d'archives et sur internet (archives en ligne) nous permet cette comparaison.
Le premier document que nous avons consulté démystifie quelque peu l'histoire : les dossiers des archives de la police de sûreté de Dijon nous apprennent qu'un seul soldat fut tué et que les deux autres furent blessés. Néanmoins, il confirme que Boillet était bien revêtu de sa tenue allemande (volée à Montchanin quelques jours plus tôt). On apprend aussi, que le soldat tué serait le commandant de la Feldgendarmerie de Beaune...
Note du Service Régional de Police de Sûreté de Dijon
C'est dans les interrogatoires de la Police de sûreté de Dijon que nous découvrons le témoignage du principal intéressé... Ce genre de document est toujours à prendre pour ce qu'il est : un aveu concédé à des policiers... Aveux obtenus sans contrainte par la police française! En effet, Boillet vient d'être torturé par les agents de la SIPO/SD auxquels il n'a surement pas pu cacher longtemps son action. Preuve en est, quand le Commissaire Marsac l'interroge il explique son rôle dans toutes les actions auxquelles il a participées.
Comme il l'a fait le lendemain des arrestations allemandes de février, Marsac se contente des restes des interrogatoires allemands qu'il tentera d'exploiter... (voir Les Téméraires p.334 Affaire du "P'tit Père" )
Cet extrait d'interrogatoire par le Commissaire Marsac nous en apprend donc plus sur notre histoire. Nous y apprenons surtout que le coup n'était pas prémédité et que Boillet s'est tiré de cette situation avec beaucoup de chance...
Extrait de l'interrogatoire de Marc Boillet par la Commissaire Marsac
de la Police de sûreté de Dijon le 4 avril 1944
Dernière ficelle à tirer, celle de l'identification du tué... Nous n'avions pas réussi à déterminer son nom avant la parution du livre. Dernièrement, l'accès à certaines archives allemande a été rendu plus simple. Parmi les trouvailles intéressantes, il y a la découverte de cette fiche mortuaire. On y apprend que notre feldgendarme inconnu est l'Oberfeldwebel (équivalent à Adjudant-chef dans l'armée française) Wilhelm MEINHARDT, né le 11 août 1914 à Biebrish (cité rattachée à Wiesbaden depuis 1926). La fiche dressée à sa mort indique bien :"Décédé le 24 novembre 1943 à Chalon sur Saône: déposé mort abattu par un terroriste".
Fiche de décès de l'Oberfeldwebel Wilhelm Meinhardt
Comme de nombreux soldats morts en France, son corps à été déposé au cimetière militaire allemand d'Andilly. Sa tombe y est toujours visible.
Cimetière militaire allemand d'Andilly (Meurthe-et-Moselle)
Section 6 Tombe 834-832
Une dernière question résiste encore à nos investigations : L'Oberfeldwebel Meinhardt était-il le chef de la Feldgendarmerie de Beaune? Le grade correspond à la fonction... Gageons que bientôt de nouvelles découvertes d'archives pourront nous permettre d'y répondre...
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