La Bande Noire - compléments documentaires
Mis en ligne décembre 2020 < retour vers l'historique de la BANDE NOIRE
- Le livre d'Yves Meunier, édité en 2017 - disponible en librairie -
Voir son site - https://labandenoire.jimdofree.com/
Une preuve de la filiation entre les deux générations de révoltés
Le bulletin individuel ci-dessous est celui de Laurent BRUGNAUD, né le 8 février 1863 à Montceau, tel qu'il est conservé à l'ANGDM, l'organisme qui gère les retraites des mineurs, à Noyelles-sous-Lens, dans le Pas-de-Calais (cliquer sur l'image pour l'agrandir).
On voit que depuis son embauche au puits St-François, le 2 juin 1875, à l'âge de 12 ans, il occupa des postes dans six puits, avant d'être licencié, le 16 novembre 1883, alors qu'il était mineur au puits Jules Chagot. Il avait alors 20 ans et l'observation manuscrite qui figure sur sa fiche (ci-dessous en rouge) ne laisse place à aucun doute : "Renvoyé comme très dangereux et d'esprit révolutionnaire" signale à l'évidence qu'il était considéré comme un membre de la BANDE NOIRE...
Or ce Laurent BRUGNAUD n'est autre que le grand-père de Léonard BRUGNIAUD, le fusillé du Mont-Valérien en 1944, dont nous avons établi qu'il avait pu côtoyer dans son enfance les résistants FUJP du Champ-du-Moulin - voir son histoire ICI .
Bien mieux , nous avons vu que le père BRUGNAUD vécut lui même des années à Bel-Air puis au Champ-du-Moulin ; il y mourut en 1937, alors qu'il habitait au 7 de la Grande Rue. Il n'y a aucun doute que son petit-fils Léonard, comme les gamins des familles amies ne pouvaient ignorer les tourments des années 1880 à la mine. Et il n'était pas seul dans ce cas, car dans tous les quartiers les vieux étaient là, à pouvoir enflammer les esprits des adolescents de leurs belles histoires d'honneur ouvrier et de batailles sociales...
Notons aussi ce que le bulletin individuel nous apprend sur le destin de cet homme. Réembauché 5 ans plus tard au puits St-Louis (28 décembre 1888), il fut gravement blessé sous un éboulement, le 29 janvier 1895. Une semaine plus tard, le 4 février 1895, son frère Théophile allait être tué lors du coup de grisou du puits Sainte Eugénie. Reconnu inapte au travail de mineur et pensionné en 1897, probablement handicapé, on confia à Laurent Brugnaud des petits travaux au jour, à la vannerie (bâtiment de la rue du Déversoir, en bas du Bois-Roulot) puis de garde-barrière... Il termina de travailler le 1er juillet 1918, à l'âge de 55 ans.
On constate aussi qu'il avait 4 enfants, dont 3 garçons. Les deux plus jeunes allaient être tués à la guerre, en 1917 (Jean-Marie et Léonard, nés en 1895 et 1896) ; quant au plus vieux, François, né en 1892, il allait être le père de l'autre Léonard, celui qui sera fusillé en 1944.
Une idée de projet historique pour nos amis enseignants...
Ce rapprochement a été rendu possible presque par hasard, grâce à un travail de généalogie effectué il y a des années. Il resterait à compléter par une approche équivalente faite pour d'autres jeunes résistants des anneés 40 : repérer l'état civil de leurs grands-pères ou grands-oncles dans les registres des mairies du bassin minier, parfois sur internet, et consulter leurs dossiers personnels aux archives de Noyelles-sous-Lens. Mais, sait-on jamais, le musée de la Mine à Blanzy peut peut-être vous aider...
Badge collecté à l'Assemblée des Assemblées
des Gilets Jaunes - Stade du Poulloux - juin 2019
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